LE TANGO URUGUAYENEn France, comme dans beaucoup d'autres pays d'ailleurs, des que l'on prononce le mot Tango on l'associe tout de suite à l'Argentine et à sa capitale, Buenos Aires, mais un grand nombre de personnes ignorent encore que cette musique est née au Rio de la Plata entre ses deux rives, c'est-à-dire entre les deux villes portuaires les plus importantes, Buenos Aires (capitale d'Argentine) et Montevideo, (capitale de l'Uruguay). Certains musicologues et historiens affirment que le tango se dansait avant 1870 dans les "Académies", (débits des boissons de Montevideo), avant que les premières notes de ce style de musique aient été imprimées sur une partition et même avant qu'un certain Carlos Gardel ait commencé à les chanter. L'académie dite de "San Felipe" aurait été la première à accueillir les premières figures du tango, empruntes par des danseurs qui voulaient imiter et parodier d'un ton burlesque les danses noires du candombe pratiquait par les noirs.
Les premiers clichés et peintures de cette époque (années 1860-1870) montrant cette danse, ce sont de souvenirs d'enfance du peintre Uruguayen Pedro Figari, celui qui à su transmettre sur la toile tout cet univers des tangos des noirs qui se pratiquait dans le quartier sud de Montevideo. Avec ses œuvres, il nous a laissé le meilleur témoin de la naissance de cette musique, mélange de Candombe, de Milonga et de Habanera.
Le tango, certes, s'est développé par la suite au début du 20e siècle d'une façon plus intense coté argentin, non seulement grâce à l'introduction du bandonéon, (instrument qui s'y est ajouté définitivement), les nombreuses salles de danse qui se sont créées dans sa capitale, mais aussi grâce aux maisons d'éditions de musique et d'enregistrement déjà très nombreuses à Buenos Aires, alors qu'elles étaient peu développées à Montevideo à cette époque.
C'est pourtant l'Uruguayen Alfredo Gobbi, et sa femme, la chilienne Flora Rodriguez, qui furent les premiers danseurs venus en Europe (à Paris) pour montrer cette danse. Malgré cette expérience, sa diffusion a été plus remarquée coté argentin, premièrement : grâce, aux marins de la frégate Sarmiento qui pendant une escale à Marseille, laissèrent l'unes des premières partitions de tango imprimés dans le Rio de la Plata; celles de La Morocha (La brune) pour tant musique de l'uruguayen Enrique Saborido, et d' El choclo (l'épi de maïs).
Deuxièmement grâce à des personnages argentins comme le compositeur Lopez Buchardo, ou encore l'écrivain Ricardo Güiraldes, intellectuel très influent dans le Paris de l'époque. Ainsi Paris, (qui jouera un rôle très important dans la diffusion, l'amplification, et la transformation du tango, (musique et danse), l'a immédiatement adopté, mais en l'associant uniquement à l'Argentine.
A l'époque, mais aussi dans les années qui suivirent sa fulgurante ascension, et bien que déjà dans toutes les bouches on entendait parler "du tango d'Argentine", les Uruguayens n'ont pas essayé de valoriser ni de mettre en avance leur juste rôle dans l'origine de cette musique/danse.
Cette page veut donc rendre également à l'Uruguay sa part d'histoire des origines du tango, tout en rendant hommage à de nombreux musiciens, musicologues, poètes et écrivains uruguayens qui ont contribué aussi à la naissance et au développement de cette musique, voici quelques noms :
GERARDO MATOS RODRIGUEZ – Compositeur de "La Cumparsita", (La petite fanfare), le tango le plus connu au monde.
ALFREDO GOBBI – L'un des principaux protagonistes de l'histoire musicale et artistique du Rio de la Plata et également l'un des premiers à faire connaître le tango à Paris.
JOSE RAZZANO – Chanteur, musicien et l'un des premiers paroliers de tango. Il a commence à les chanter en duo avec Carlos Gardel.
MANUEL OSCAR CAMPOAMOR – Compositeur de "El Sargento Cabral" l'un des premiers tangos imprimés, et l'un de premiers à être joué en France.
FRANCISCO CANARO – Grand musicien et compositeur, il fut l'un de premiers à faire connaître à Paris la formation d'orchestre dite "traditionaliste", la portant à huit musiciens : trois bandonéons, trois violons, un piano et la contrebasse, qui introduira les effets "canyengues" tels que frapper la contrebasse avec l'archet et la main.
PINTIN CASTELLANOS – Pianiste, compositeur de la célebre milonga "La puñalada", (Le coup de poignard).
LAURO AYESTARAN - Musicologue qui a travers ses recherches nous a laisse une documentation très précise sur le candombe et ses racines.
JULIO SOSA - Grand chanteur de tangos, l'une de voix les plus importants du Rio de la Plata après Carlos Gardel.
VICENTE ROSSI – Ecrivain et homme de théâtre, il nous a laisse "Cosas de negros", un livre sur les origines du tango qui deviendra une référence pour les sociologues et musicologues qui se sont penche sur l'histoire de cette musique.
CARLOS ROLDAN – Chanteur de tangos, très populaire.
FERNAN SILVA VALDEZ – Poète et écrivain. Il a écrit les paroles des tangos qui sont devenus célèbres comme ""Clavel del aire", Margarita Punzo", Agua Florida", "Querencia", "En blanco y negro" etc.
SOFIA BOZAN – Femme de théâtre et cinéma, elle apporte sa sympathie et son originalité dans l'interprétation de tangos comiques et "lunfardescos" (tangos en argot). Elle participa dans le film"Luces de Buenos Aires" à coté de Carlos Gardel, tournée en France, à Joinville.
GUSTAVO NOCETTI – Chanteur intégrant de la dernière génération des grandes voix du Tango.
HORACIO FERRER – Poète contemporain, l'un des premiers dans les années 70 a avoir mis des paroles sur les musiques d'Astor Piazzolla avec une poésie plus moderne dite "citoyenne". Actuellement il est le président de l'Académie du tango de Buenos Aires.
Et aussi: Enrique Campos, José Maria Aguilar, Manuel Arostegui, Hector Maria Artola, Juan Canaro (frère de Francisco), Julio Carrasco, Enrique Di Cicco, Roberto Fugazot, Alberto Mastra (Carusito), Rosita Melo, Antonio Domingo Podesta, Donato Racciatti, José Rotulo, Enrique Saborido, Federico Scorticati, Federico Silva, Victor Soliño, Ramon Collazo, Albérico Spatola, Alberto Vila, Carlos Warren, César Zagnoli (el potrillo), Roberto Zerrillo, Olga del Grossi, Luis Di Mateo, Lagrima Rios, Miguel Villasboas, Carlos Vaz, Ciro Pérez, etc.
Est il faut savoir aussi que …
C'est en 1862, à Montevideo, qu'a été éditée "El relampago", l'une des premières partitions imprimées ou figure le mot "tango".
C'est également en Uruguay, à Montevideo, que le parolier Argentin Pascual Contursi a écrit les paroles de "Mi noche triste" (Ma triste nuit), celui qui sera le premier tango chanson.